L'HOMME D'AFFAIRES. ça doit bien t'aller. Tu auras ça. A moi de te dire mon secret.
ODILON. J'adore les secrets !
L'HOMME D'AFFAIRES. Je parle avec les végétaux, les animaux, les choses.
ODILON. Comment fais tu?
L'HOMME D'AFFAIRES. Je me tais. J'écoute. Je regarde.
ODILON. Je me suis trompé. Tu n'es pas fort.
L'HOMME D'AFFAIRES. Chut ! C'est un secret !
ODILON. Ce n'est pas un défaut de ne pas être fort.
L'HOMME D'AFFAIRES. Ça ce sont des choses qu'on ne peut pas dire. Si on les dit ça se voit, si ça se voit on est cuit. Mais avec les animaux, les choses, les végétaux, je n'ai rien à dire. C'est la meilleure façon de parler.
ODILON. Vous pourriez parler à mon pied ?
L'HOMME D'AFFAIRES. Déchausse toi.
ODILON. Vous me draguez !
L'HOMME D'AFFAIRES. Si tu ne veux pas on laisse tomber.
Odilon se déchausse. L'homme d'affaires prend le pied d'Odilon.
L'HOMME D'AFFAIRES. Tu peins tes ongles de pieds et tu les enfermes dans des chaussures. Pourquoi ?
ODILON. C'est ce que mon pied te demande ?
L'HOMME D'AFFAIRES. Non. ça c'est moi.
ODILON. Et mon pied, qu'est ce qu'il dit ?
L'HOMME D'AFFAIRES. Je suis un petit chaton à la douce cambrure étiré nonchalamment à l'intérieur de tes chaussures à lanières mais quand je sors mes ongles rouges ce ne sont plus des pétales mais des dents de loup à travers les barreaux de ma cage.